La Chaire UNESCO ITEN en collaboration avec la FMSH et FUTUR.E.S, organise son premier séminaire / atelier de travail Numérique et Société :

« Territoire(s) et Numérique(s) :
Données, Intelligence Artificielle et dynamiques d’intérêt public pour le développement durable des territoires « 

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Le Séminaire aura lieu le mercredi 19 Juin de 9h30 à 17h à la Maison Suger 16/18 rue Suger, 75006 Paris, dans le cadre du Off du festival Futur en Seine (FUTUR.E.S) organisé par le pôle de competitivité Cap Digital.

Construire une strategie multi-acteurs pour orienter les transformations numeriques et accompagner structurellement les dynamiques sociale, economique, environnementale vers un developpement territorial durable.

Quelles données, pour quels usages ? Quels modèles de gouvernance, de traitement et de gestion ? Quel est le rôle de l’usager dans l’univers des «big datas» ? Quel rôle donner à l’IA dans le traitement des données ? Enjeux d’une gouvernance algorithmique ? Quelle maîtrise de ses données personnelles ? Quelles conditions d’appropriation par le grand public de ces données ? Quels types d’interfaces sont a créer pour faciliter leur accès, leur intelligibilite, mais aussi leur interfacage (moissonnage et re-éditorialisation), comment les transformer en matériau de débat, d’argumentation et générer de nouveaux services d’interet public ?

Les grands enjeux liés aux Objectifs du Développement Durables (climat, biodiversité, pollution, nouveaux modèles de développement socio-économiques etc…) définis dans un cadre onusien à échelle mondiale se présentent d’un point de vue paradigmatique comme des hyper-objets. Les saisir dans leur intégralité est quasi impossible même aidés de puissants outils de calcul et de modèles numériques. A chaque tentative d’appréhension à échelle globale, chacun de ces objectifs nous dépasse dans ses dimensions, dans la multitude de ses événements et de ses processus constitutifs infiniment complexes. S’ajoute une très forte interdépendance syntagmatique des ODD qui implique une approche écosystémique (tout est lié). Pris à une échelle territoriale locale, les ODD redeviennent appréhendables par leur mise en perspective historique, leur contextualisation géographique, socio-économique, politique, et peuvent ainsi être priorisés. En situation, pris dans un scénario référentiel, ils se chargent collectivement de sens et de valeur partagés, deviennent compréhensibles et appropriables.


Ainsi à l’agenda 21 Global succédent les agendas 21 Locaux, invitations faites aux territoires de se saisir de ces grands enjeux : « où on va et comment on y va ? » (gouvernance, partcipation citoyenne, évaluation etc.). Les Agendas 21 locaux s’inscrivent néanmoins dans une dynamique glocale, articulant en pair à pair, comparativement et complémentairement, leurs politiques et leurs pratiques locales à échelle globale, notamment grâce aux réseaux de territoires ou de villes, comme celui des « Cités et Gouvernements Locaux Unis » (CGLU) fondé en 2004, qui regroupe plus de 240 000 membres. En 2019, les réponses techniques et opérationnelles à apporter sont en partie connues et face à l’urgence, la nouvelle question se formule dorénavant en terme de : « est-ce que l’on y va vraiment ? ». Les territoires doivent alors répondre, non plus en terme d’amélioration continue (ou « comment faire moins pire ») mais en terme de rupture, d’innovation et de transformation.


Les solutions proposées en terme de modèles de développement, de nouvelles formes de production, d’échange ou de consommation sont alors susceptibles de produire les technologies qui accompagnent et soutiennent structurellement ces transformations sociales, économiques et environnementales. Les systèmes techniques numériques qui articulent aujourd’hui Big Data, IA, Objets Connectés, Plateformes, accompagnent la métabolisation de ces politiques de développement durable portées à grande échelle par l’UE, relayées à échelle locale et prises dans des boucles de rétroaction : mises en œuvre, analyses, évaluations, améliorations et ce, au plus près des filières professionnelles, des métiers, des conduites et des comportements de notre vie quotidienne. Si cette métabolisation opère selon une dynamique de numérisation du politique (et donc aussi du socio-économique) elle opère aussi selon une dynamique de politisation du numérique. Ces deux dynamiques articulent chacune un double mouvement top-down et plus ou moins bottom-up, en traversant plusieurs échelles territoriales, de l’individu au Monde en passant par le foyer, la ville, la région, l’Etat, le continent Européen.


Cette politisation du numérique est prise dans un jeu permanent de rapports de force multiscalaires, soumise aux lois du marché international. Les grands rapports ou livres blancs Etatiques, de la Commission Européenne, fixent des caps stratégiques ambitieux pour nos systèmes techniques, accompagnés de financements sur des plans quinquénaux ou décénaux (H2020, H2030…). De leur côté les organismes de normalisation et de standardisation internationaux (ISO, CEI, IEEE, IETF, UIT, W3C, OASIS…) jouent un rôle essentiel et nécessaire d’harmonisation et d’interopérabilité de ces systèmes techniques à échelle globale. Ces systèmes techniques numériques, comme l’industrie, étant de plus en plus intégrés dans des chaînes de valeur mondiales interopérables à forte composante de services, la puissance publique se confronte à de nouveaux défis. En effet, les données territoriales, l’Intelligence Artificielle deviennent des infrastructures essentielles (1) en terme de souveraineté, c’est à dire de capacité à agir de manière indépendante et à exercer l’autorité dont les pouvoirs publics sont démocratiquement investis, notamment face à des acteurs internationaux dont la puissance croissante réside dans la maîtrise et l’exploitation de quantités considérables de données (GAFAM, BATX).


Si les démarches d’ouverture sont déjà largement engagées en terme de données publiques, l’Etat français encourage dès 2015 l’ouverture de données d’intérêt général détenues par des acteurs privés (2). Ces données doivent concourir à l’intérêt général en terme de conduite des politiques publiques sectorielles, d’information citoyenne, de recherche scientifique et de développement durable. Si un régime unique des données d’intérêt général est extrêmement complexe à mettre en place juridiquement, il convient d’en retenir une approche sectorielle. Dans certains secteurs, la puissance publique peut en effet contraindre les opérateurs privés à « ouvrir » leurs données, pour les besoins de la conduite des politiques publiques et du développement durable (transports, environnement, énergie), dans d’autres les acteurs privés ouvrent volontairement une sélection de données (par exemple verticalement entre acteurs de chaines de sous-traitance, horizontalement pour des services écosystémiques) et en formalisent la stratégie (périmètre des données accessibles, méthodes d’interrogation de la BDD, etc.).


Le potentiel généré par l’explosion des données territoriales reste encore largement sous-exploité. En 2016, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), plaide alors pour une approche intégrée et multicritère des données territoriales (3), afin de pouvoir répondre aux besoins locaux de comprendre et d’intégrer localement les interrelations, les phénomènes de rétroaction entre les comportements, les impacts énergétiques et environnementaux, leur environnement, afin que les collectivités territoriales et les acteurs socio-économiques soient en mesure de déployer des actions adaptées. Il s’agit alors de développer sectoriellement une meilleure maitrise de l’ensemble des informations propres à renseigner et nourrir cette compréhension, par la diversification des sources notamment les savoirs experts, les savoirs contextuels (4), ainsi que par la mobilisation des nouvelles possibilités offertes par l’Intelligence Artificielle.


Dans le prolongement du rapport Cytermann et des travaux de l’ADEME, le Rapport Villani (5) identifie la Mutualisation des Données Sectorielles comme le véritable enjeu d’un second acte international de la bataille de l’Intelligence Artificielle, sur lequel la France et l’Europe peuvent se différencier, après un premier acte sur les données personnelles notamment perdu au profit des grandes plateformes. Simultanément, l’Etat français lance un double Appel à Manifestation d’Intérêt « Mutualisation des données sectorielles et Intelligence artificielle » l’une en direction de l’Administration Publique l’autre des Entreprises. La numérisation des filières professionnelles et des métiers nécessite aujourd’hui d’articuler harmonieusement les gisements de données aux compétences humaines, elles-mêmes devenues progressivement expertes dans l’utilisation de la donnée à échelle intermédiaire. Cette articulation des savoirs algorithmiques et des savoirs humains implique des médiations en terme d’explicabilité et d’acceptabilité de ces nouveaux régimes de savoirs algorithmiques. Ces médiations auront un impact direct sur la fiabilité du cycle de vie d’un système d’Intelligence Artificielle (6), notamment au niveau des acteurs qui participent, mais aussi au niveau de la co-constitution, dans une logique multi-acteur, des jeux de données afin d’alimenter les méthodes d’apprentissage. Cette co-constitution est également nécessaire à évaluer les algorithmes d’Intelligence Artificielle en terme de performance, de contrôle de conformité de fonctionnement en regard de leur finalité, mais aussi de sécurité. Il est à noter que des algorithmes d’intelligence artificielle entrainés à partir d’un jeu de données hautement qualifié par co-constitution multi-acteur dans un contexte territorial donné afin de répondre à une finalité identifiée, seront difficilement exportables dans d’autres territoires. Les référentiels de scénario étant déterminés par les contextes, géographiques, climatiques, biologiques, historiques, culturels, socio-économiques, politiques, constituent autant de variables qui rendent complexe l’anticipation de tous les scénarios par un seul opérateur de système technique.


Dès lors réfléchir aux différentes strates de mutualisation constitue un premier enjeu pour les Etats et pour l’Europe : données, logiciel, API, calcul, interopérabilité des formats de données, plateformes sectorielles, devient un enjeu essentiel pour les Etats Européens. Le second enjeu est de parvenir à coordonner, les réseaux humains, la formation, la capacité de comprendre et d’utiliser, l’analyse des process, le choix des informations pertinentes entre le niveau local et le niveau national afin de réaliser des économies d’échelle, atteindre des effets de seuil en terme de performance et de compétitivité de nos systèmes techniques.

Renan Mouren

 

1_Administrateur Général des Données, « La donnée comme infrastructure essentielle », Paris, La documentation française, 2018, p.40.
URL : https://www.etalab.gouv.fr/wp-content/uploads/2018/04/RapportAGD_2016-2017_web.pdf

2_Rapport du Conseil d’Etat / CGE / IGF, « Les données d’intérêt général (dit rapport CYTERMANN), 2015.
URL : https://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/DIG-Rapport-final2015-09.pdf

3_ADEME, Rapport d’étude « Approche intégrée et multicritère de la modélisation territoriale. Elements de cadrage pour la gestion des données territoriales », Paris, 2016.
URL : https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/modelisation-territoriales-gestions-donnees-201606.pdf

4 _le savoir contextuel comprend des dimensions procédurale, matérielle, organisationnelle et sociale.

5_Mission Parlementaire coordonnée par Cédric Villani « Donner un sens à l’Intelligence Artificielle. Pour une stratégie Nationale et Européenne », Paris, Mars 2018. Voir notamment pp.29-34
URL : https://www.aiforhumanity.fr/pdfs/9782111457089_Rapport_Villani_accessible.pdf

6_Le cycle de vie d’un système d’IA comprend sa phase de développement (y compris la recherche, la conception, la fourniture de données et les essais limités), de déploiement (y compris la mise en œuvre) et la phase d’utilisation.

Afin de mieux mettre en évidence la manière dont les technologies Blockchain peuvent être utilisées pour le bien social, l’UNESCO, la Chaire UNESCO « Innovation, transmission et édition numériques » de la Fondation Maison de Sciences de l’Homme, et l’Université Paris 8 ont co-organisé une conférence de haut niveau intitulée « Blockchain : pratiques et perspectives » le 17 mai 2019 au Siège de l’UNESCO.

La conférence, articulée autour d’échanges multipartites, institutionnels, entrepreneuriaux et scientifiques, a été l’occasion de discussions interdisciplinaires entre chercheurs et praticiens de l’informatique, des sciences humaines et sociales, de l’économie et du droit. Un accent particulier a été mis sur les cas de pratiques en donnant la parole aux porteurs de projets Blockchain publics et privés.

Qu’est-ce qu’une blockchain ?

La blockchain est « une chaîne de registres répartis sur un réseau, robuste dans sa simplicité non structurée, difficile à modifier pour un attaquant sur le plan informatique, que personne ne peut contrôler mais que tout le monde peut voir, et qui peut connecter un individu avec un autre individu sans abandonner la confiance à un tiers ou à une autorité centrale » (source : un-blockchain.org). L’essor de la technologie blockchain, sur la base de la désintermédiation et de la non-centralisation, ouvre la voie à des opportunités de changement inédites dans de nombreux domaines de la société et de la gouvernance. Un écosystème de solutions transactionnelles et opérationnelles est en cours d’élaboration, avec le potentiel de bouleverser les structures de pouvoir économique existantes et de construire des sociétés du savoir plus inclusives.

 

Pour aller plus loin :

  • Le glossaire sur la Blockchain, distribué lors de la conférence.
  • Matthieu Quiniou « Investir et se financer avec la blockchain », Editions ENI, novembre 2018, 252 pages.
  • Matthieu Quiniou et David Richard, « Droits en mutation », publié aux éditions de l’Immatériel avec le soutien de l’Association Française des Docteurs en Droit (AFDD), mai 2018.

Le département de l’innovation numérique du Ministère de la Culture a organisé une journée d’étude intitulée « Vos collections sur Europeana » le mardi 27 novembre 2018 à la Cité de l’architecture & du patrimoine, des rencontres professionnelles destinées aux institutions culturelles qui contribuent au Moteur « Collections » (agrégateur national d’Europeana). 

L’objectif de ces rencontres était de redonner le cadre politique et stratégique d’Europeana et présenter le cadre de publication et les préconisations techniques pour une meilleure visibilité en ligne des collections des institutions culturelles françaises. Des représentants du Ministère de la culture, de MUSEU-HUB agrégateur domaine géré par Michael Culture et de la Fondation Europeana, ainsi que les autres agrégateurs thématiques français étaient présents pour échanger avec le public. 

Europeana  (www.europeana.eu) est la plate-forme européenne du patrimoine culturel numérique. Créée en 2008 avec le soutien de la Commission européenne et de l’ensemble des États membres, Europeana s’est enrichie et a constitué un réseau solide de professionnels du patrimoine culturel numérique.

Aujourd’hui Europeana compte près de 53 millions d’objets (images, textes, sons, vidéo ou ressources 3D) qui proviennent de collections de près de 3700 institutions culturelles (archives, musées, galeries, et collections audio-visuelles) à travers toute l’Europe. La plateforme est à disposition des professionnels des institutions culturelles ou des secteurs créatifs, des chercheurs, des enseignants, des étudiants et de tous ceux qui s’intéressent à la culture numérique.

Vous pouvez consulter le cadre de publication d’Europeana V1.2. qui a été diffusé au cours de la journée.

 

Pour aller plus loin :

Appel à contribution pour l’évaluation d’Europeana

Les conclusions du Conseil des ministres de la culture européen du 31 mai 2016 a confirmé le rôle d’Europeana pour l’accès numérique, la visibilité et l’utilisation du patrimoine culturel européen. Pour faire suite à ces conclusions, la Commission européenne a lancé une évaluation indépendante d’Europeana. Une consultation publique en ligne est actuellement ouverte jusqu’au 14 janvier 2018. La consultation est accessible dans toutes les langues officielles de l’union européenne via le lien suivant :  https://ec.europa.eu/eusurvey/runner/europeana.

 

Données ouvertes (Open data) : la démarche du ministère de la Culture

Le ministère de la Culture est pleinement engagé dans la politique en faveur de l’ouverture et du partage des données publiques, ainsi que dans le développement d’une économie numérique culturelle. Pour répondre à ses engagements le ministère s’est doté d’une feuille de route stratégique dédiée à l’Open data culturel publiée en mai 2013.

Consultez la feuille de route sur l’open data : « 10 actions pour une stratégie numérique de diffusion et de réutilisation des données publiques numériques du secteur culturel ». 

 

Le web sémantique pour les données culturelles : Journée d’études – Lundi 12 décembre 2016

Ecouter les interventions.

L’émotion est-elle compatible avec le numérique ? En posant cette question, ce sont les limites de la médiation numérique que l’on interroge. S’il est aujourd’hui admis que certaines formes d’intelligence sont programmables et rendent les machines productives de manière quasi-autonome, l’émotion reste l’attribut humain le plus difficile à modéliser, à virtualiser et à synthétiser. Même si la notion d’émotion artificielle cherche encore ses ancrages théoriques et expérimentaux, on peut considérer que l’environnement technologique a un impact important sur les comportements, les humeurs, les sensations et émotions des individus. La médiation homme-machine concurrence fortement la médiation humaine traditionnelle dans les rapports amicaux, ludiques, pédagogiques ou encore dans les pratiques artistiques ou les activités professionnelles. L’espace de vie, d’apprentissage, d’action et de relation devient, et cela encore bien davantage pour les « digital natives », un espace hybride qui se nourrit à la fois d’un certain décollement de la réalité et paradoxalement aussi d’une réinscription territoriale inédite par la géolocalisation des données personnelles. C’est un espace hybride où les informations apportées par la réalité sont augmentées par celles provenant de l’immersion dans un univers immatériel, proposées par les ressources informationnelles massives disponibles sur internet. Par ailleurs, la dominance des interactions exclusivement et directement humaines est remplacée par un va et vient entre les interactions humaines et celles assistées par ordinateurs, ou par des machines et objets communicants.

La génération Y s’est emparée massivement des nouvelles technologies numériques et multiplie sa consommation multi-écrans : ordinateur, téléphone portable, tablette, télévision, etc. Cette génération, qui est née dans un contexte fortement technologisé, augmente sans discontinuer ses pratiques numériques et entretient un rapport privilégié avec les nouveaux médias et les nouveaux modes d’information et de communication. Capables de gérer des activités multiples simultanément sur plusieurs écrans, l’attention de ces jeunes est profondément différente de celle des générations précédentes. Cette nouvelle compétence se généralise, puisque plus des 2/3 d’une tranche d’âge consomment au moins 2 médias simultanément et 1/3 au moins 3 médias simultanément.