Le 28 octobre 2016, dans le cadre du colloque international « Humanisme numérique : valeurs et modèles pour demain ? », une table ronde a été dédiée aux questions juridiques.

L’humanisme innerve le droit contemporain occidental. Les relations entre humanisme et droit sont multiples et concernent aussi bien la méthode, comme avec le Mos gallicus de l’humanisme juridique de la Renaissance, que la formalisation juridique de préceptes humanistes dans les libertés fondamentales, les principes généraux du droit et les Droits de l’Homme.

Interroger et réactualiser les fondamentaux humanistes pour répondre aux enjeux du numérique est devenu une nécessité. Si l’utopie humaniste d’accès à la connaissance semble à portée de clic, les verrous structurels et juridiques sont encore nombreux. A l’inverse, le droit est amené à évoluer pour faire obstacle à des atteintes frontales à l’humanisme liées, par exemple, à la jonction du profilage et de l’expression de volonté ou encore à l’hybridation du corps humain avec l’appareillage et à l’internet des objets. Face à ces évolutions, la protection juridique des valeurs humanistes doit être active et semble difficilement conciliable avec une régulation neutre des activités économiques sur Internet.

  • Faut-il préserver les acquis juridiques de l’humanisme ou repenser les droits fondamentaux dans un nouveau contexte ?
  • Quelle est la place de la raison naturelle de l’Homme lorsque la prise de décision est assistée par ordinateur ou dépend d’un algorithme ?

 

« Numérique et droits de l’homme : vers la consécration de nouvelles normativités »

Célia ZOLYNSKI (France)
 Professeure des universités en droit, université de Versailles-Saint Quentin en Yvelines. Membre du Conseil National du Numérique.

« Une ‘éthique numérique’ : panacée ou ‘morale mutante’ d’une nouvelle humanité ? »

Jamal Eddine NAJI (Maroc)
Professeur, Directeur général de la communication audiovisuelle. Haute Instance de Dialogue National sur la Réforme de la Justice. Conseil Mondial de la Radio et de la Télévision. Chercheur, Chaire ORBICOM.

« Protection des données personnelles en ligne en Chine »

Jiayou SHI (Chine)
Professeur des universités en droit, Université du Peuple de Chine (Renmin), Pékin.

« Le modèle européen de la protection des données personnelles : un droit fondamental à défendre »

Sophie VULLIET-TAVERNIER (France)
Directrice des relations avec les publics et la recherche, CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés).

« Asymétrie entre économie et droit : quelles régulations ? »

Ibrahim SY SAVANE (Côte d’Ivoire)
Président de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle de la Côte d’Ivoire. Ancien ministre de la communication de la Côte d’Ivoire. Président du réseau francophone du régulateur des médias.

 

Discutants

Charly BERTHET. Rapporteur au Conseil National du Numérique (France).
Alain CAPO CHICHI. Président du Groupe CERCO (Côte D’Ivoire).
Richard DELMAS. Président de Semantis asbl. Ancien fonctionnaire du Conseil de l’Europe et de la Commission Européenne, ex-Chef du Bureau du Comité consultatif des gouvernements de l’ICANN, organisme en charge de la gouvernance de l’Internet au plan international (Belgique).
Jean-Paul LAFRANCE. Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, Université du Québec à Montréal (Canada). Chercheur, Chaire UNESCO ITEN (France).
Matthieu QUINIOU. Chercheur, Chaire UNESCO ITEN. Juriste.

Le 28 octobre 2016, dans le cadre du colloque international « Humanisme numérique : valeurs et modèles pour demain ? », une table ronde a été dédiée aux mutations sociétales et modèles économiques.

Les modèles économiques qui se déploient en ligne (plateformes contributives, services de réseautage, etc.) s’accompagnent de la mise en place de droits d’utilisation multiples :

ceux imposés par les opérateurs de plateformes (par ex., les CGU des Google, Amazon.com, Facebook, etc.) aux utilisateurs finals ou aux fournisseurs de contenus et d’applications ; ceux que s’octroient les opérateurs et les prestataires de services sur les données et les contenus qu’ils collectent, acquièrent et exploitent. Chaque modèle économique s’appuie ainsi sur une régulation privée qui se heurte plus ou moins aux droits et libertés fondamentales de la personne : liberté d’expression, accès à la culture, pluralisme de l’information vs censure des contenus ; vie privée vs exploitations intrusives des données…

  • Dans ce contexte, la compréhension des modèles économiques est essentielle : dans quelle mesure le « compromis » (l’alignement) entre les intérêts des différents acteurs dont les comportements sont coordonnés par les plateformes numériques est-il socialement acceptable ?
  • Les droits définis et mis en œuvre par les prestataires de service en ligne garantissent-ils ou, au contraire, limitent-ils davantage les libertés fondamentales des individus ?

 

« Gouvernance de l’Internet: stratégies et politiques numériques en Europe »

Richard DELMAS (Belgique)
Président de Semantis asbl. Ancien fonctionnaire du Conseil de l’Europe et de la Commission Européenne, ex-Chef du Bureau du Comité consultatif des gouvernements de l’ICANN, organisme en charge de la gouvernance de l’Internet au plan international.

« Régulation de l’économie numérique »

Fabrice ROCHELANDET (France)
Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.

« Numérique et nouveaux rapports sociaux dans le monde du travail : plateformisation et digital labour »

Antonio CASILLI (France)
Maitre de conférences en humanités numériques, Telecom ParisTech. Chercheur, Centre Edgar-Morin de L’École des hautes études en sciences sociales.

« Politiques des données ou données sans politique ? »

Dominique BOULLIER (Suisse)
Sociologue, Linguiste. Directeur du Social Media Lab, École polytechnique fédérale, Lausanne.

« Humanisme sous tension numérique »

Michel WIEVIORKA (France)
Sociologue et Président de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. Directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales.

 

Discutants

Didier CARRÉ. Vice-Président Cecua (European Confederation of Associations of Information Technology Users)/G9+ (France).
Anne-Marie LAULAN. Professeur émérite de sociologie, université Bordeaux-Montaigne. Chargée de mission à l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS (France).
Rosental ALVES. Professeur en communication, Université du Texas à Austin (États-Unis). Knight Chair en journalisme et Chaire UNESCO en communication (États-Unis).
Didier VAN DER MEEREN. Directeur Le Monde des Possibles (Belgique)..

Humanisme numérique - mutations sociétalesAujourd’hui le numérique fait partie de nos vies, personnelles ou professionnelles, et ceci à tous les âges et pour de multiples fonctions, éducation, divertissement, gestion des entreprises, administration en ligne, affaires courantes.
On appelle ce moment que beaucoup considèrent comme historique la « Révolution Numérique ». En effet, l’ubiquité et la plasticité des technologies numériques induisent une mutation radicale dans notre perception du réel et dans l’appréhension des processus complexes de la pensée, y compris pour la science la plus avancée. De plus, le numérique suscite de nouveaux rapports entre citoyen, en particulier avec l’émergence des réseaux sociaux. Ainsi, on assiste depuis plusieurs années à l’émergence d’une société civile de l’internet, nouveau « Tiers état » qui revendique des droits politiques de nature à bouleverser les équilibres historiques, à l’échelle d’une nation ou du monde globalisé. Ainsi, la société du numérique pose des interrogations fortes en terme d’éthique et de valeurs communes. Quelle place pour le citoyen, ses données personnelles, sa langue native, l’intériorité de la personne face à l’intelligence collective et au formatage des logiciels, quel nouveau « contrat social » face à la puissance des algorithmes ? En réalité nous sommes face à un défi majeur, celui de définir les formes nouvelles de la démocratie pour nos sociétés en profonde mutation. La session « société » de la conférence abordera ces thèmes selon des approches contrastées reflétant différents points de vue. La société multi-acteurs du numérique recèle bien des atouts mais elle impose aussi une contrainte : celle d’accepter les règles de la diversité et du pluralisme des approches. Nous avons décidé de relever le défi avec vous.

 

Le 28 octobre 2016, dans le cadre du colloque international « Humanisme numérique : valeurs et modèles pour demain ? », une table ronde a été dédiée aux mutations sociétales et modèles économiques :

« Gouvernance de l’Internet : stratégies et politiques numériques en Europe »

Richard DELMAS (Belgique)
Président de Semantis asbl. Ancien fonctionnaire du Conseil de l’Europe et de la Commission Européenne, ex-Chef du Bureau du Comité consultatif des gouvernements de l’ICANN, organisme en charge de la gouvernance de l’Internet au plan international.

« Régulation de l’économie numérique »

Fabrice ROCHELANDET (France)
Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.

« Numérique et nouveaux rapports sociaux dans le monde du travail : plateformisation et digital labour »

Antonio CASILLI (France)
Maitre de conférences en humanités numériques, Telecom ParisTech. Chercheur, Centre Edgar-Morin de L’École des hautes études en sciences sociales.

« Politiques des données ou données sans politique ? »

Dominique BOULLIER (Suisse)
Sociologue, Linguiste. Directeur du Social Media Lab, École polytechnique fédérale, Lausanne.

« Humanisme sous tension numérique »

Michel WIEVIORKA (France)
Sociologue et Président de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. Directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales.

 

Discutants

Didier CARRÉ. Vice-Président Cecua (European Confederation of Associations of Information Technology Users)/G9+ (France).
Anne-Marie LAULAN. Professeur émérite de sociologie, université Bordeaux-Montaigne. Chargée de mission à l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS (France).
Rosental ALVES. Professeur en communication, Université du Texas à Austin (États-Unis). Knight Chair en journalisme et Chaire UNESCO en communication (États-Unis).
Didier VAN DER MEEREN. Directeur Le Monde des Possibles (Belgique)..

Le 28 octobre 2016, dans le cadre du colloque international « Humanisme numérique : valeurs et modèles pour demain ? », une table ronde a été dédiée aux questions philosophiques.

« Ces sentiments entremêlés s’expliquent notamment par ce mystérieux mélange de continuité radicale et de mutations vraies que l’humanisme numérique à venir suppose, continuité et mutation des systèmes culturels, des normes juridiques et des exigences éthiques. Ce moment de l’histoire coïncide avec l’obligation de penser le monde dans sa totalité; aussi de penser l’unité du vivant et l’unité de la création humaine comprenant les symboles et les systèmes, les sciences et leurs applications technologiques. Cette tâche est impossible sans la connaissance de ces situations et héritages venues de toutes les cultures fécondées par toutes les cultures et aussi sans le renouvellement d’un projet universel conjuguant le vif sentiment de l’unité du vivant, et de l’indivisibilité de sa sécurité, liberté et dignité »

Jean Louis ROY

« Pour une approche transdisciplinaire de l’humanisme numérique »

Ghislaine AZÉMARD (France)
Professeure des universités, université Paris 8. Directrice du programme Idéfi CréaTIC. Titulaire de la Chaire UNESCO ITEN, université Paris 8/Fondation Maison des Sciences de l’Homme.

« Scénarii prospectifs : hégémonie et alternatives dans
les modèles de développement »

Michel AGNOLA (France)
Enseignant-chercheur associé, université Paris 13.

« Les enjeux du numérique dans les humanités »

Milad DOUEIHI (France)
Professeur des universités, Historien des religions. Titulaire de la Chaire d’humanisme numérique, université de Paris-Sorbonne – Paris 4.

« Défis humanistes et reconquêtes symboliques »

Jean-Michel BESNIER (France)
Professeur des universités en philosophie, université de Paris-Sorbonne – Paris 4. Membre du Directoire du MURS (Mouvement Universel pour la Responsabilité Scientifique).

« Émancipation, réconciliation, consolation : les récits de l’humanisme ? »

Stéphane DOUAILLER (France)
Professeur des universités en philosophie, université Paris 8.

« Transmission patrimoniale et création numérique »

Qiang YIN (Chine)
Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, Université du Peuple de Chine (Renmin), Pékin.

« Créations numériques contemporaines et projet sociétal »

Stéphane NATKIN (France)
Professeur, titulaire de la Chaire Systèmes Multimédia, CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers). Directeur de l’ENJMIN.

 

Discutants

Laura SHACKELFORD. Professeure, Rochester Institute of Technology (États-Unis).
Lise BOILY. Professeure titulaire, département de communication, université d’Ottawa. Professeure associée à MosaiC (Centre de recherche sur le management de la création dans la société de l’innovation) HEC Montréal (Canada).
Henri HUDRISIER. Chercheur, Chaire UNESCO ITEN (France).
Jean-Paul LAFRANCE. Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, Université du Québec à Montréal (Canada). Chercheur, Chaire UNESCO ITEN (France).
Michel MEIMARIS. Professeur des universités en Sciences de l’information et de la communication, université d’Athènes (Grèce).

Les avancées technologiques et scientifiques de ces dernières années suivent un développement exponentiel, et les sciences et les savoirs convergent pour ouvrir de nouveaux champs d’investigation. Les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Intelligence artificielle et sciences cognitives) vont constituer le socle de développement de nos futures humanités.

La généralisation du numérique à l’ensemble des activités humaines imprègnent profondément nos modes de vie et en conséquence nos modes de représentations mentales et les modèles qui y sont associés. La place de plus en plus importante de la virtualisation, de la géolocalisation et l’usage permanent des machines et objets communiquants produisent de nouvelles habitudes d’interaction à travers des protocoles qui nous restent souvent opaques. Nous intégrons, sans résistance et conscience particulières, ces protocoles qui tissent en nous un rapport inédit aux interfaces, aux ordinateurs, et à toute innovation technologique, qu’elle soit pour un usage professionnel, domestique, médical, pédagogique, artistique ou ludique. L’espace de vie, d’apprentissage, de soin, d’action et de relation devient et cela encore bien davantage pour les digital natives, un espace hybride qui se nourrit à la fois d’un certain décollement de la réalité et paradoxalement d’une réinscription territoriale inédite par la géolocalisation des données personnelles. Nos modèles technologiques, économiques et sociétaux se transforment sans que l’on interroge collectivement leurs effets civilisationnels.

Pour la première fois, les êtres humains sont en mesure de créer un environnement virtualisé et la génétique permet de créer de nouvelles formes du vivant, pendant que les nanotechnologies créent de nouveaux matériaux.

Les grands fournisseurs de technologies promettent un monde totalement interconnecté où l’homme déploierait pleinement ses capacités physiques, intellectuelles, sensorielles ou encore existentielles. Les industries ambitionnent de dépasser les performances d’intelligence artificielle, en dupliquant l’ensemble des capacités cognitives et émotionnelles produites par le cerveau humain. Les nouvelles interfaces proposent des formes de communication sensorielle inédites, pour conjuger l’homme et la machine. Les supports numériques se démultiplient et se rapprochent toujours plus du corps. La technologisation des corps se substituera-t-elle à la multiplication contemporaine des objets embarqués dans notre vie quotidienne ? Ces perspectives donnent une grande actualité aux visions déjà affichées des différents acteurs du numérique, du transhumanisme au slow movement, de la science-fiction aux performances hybrides. Elles soulèvent de multiples questions éthiques, sociales ou encore économiques qu’il est primordial d’identifier et d’analyser afin d’ouvrir le débat sur des politiques et des modèles de développement qui soient porteurs de progrès pour l’humanité.