Janvier 2020

Analyse critique, appropriation, transmission par le numérique de savoirs culturels, techniques, environnementaux dans des contextes territoriaux diversifiés

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TEI-Terri-NormS est un projet s’inscrivant résolument dans la ligne des recherches en humanités numériques. Il a dès sa conception une double ambition :

·      Rassembler des corpus et tester grâce à un démonstrateur « lecture, écriture, alignement » (notamment multilingue) l’Appropriation professionnelle, territoriale et sociale de très grands corpus de normes balisées en TEI (sous-titre de TEI-Terri-NormS du dépôt de notre projet Réseau inter MSH).

·      Fédérer un partenariat pour préparer des réponses à des appels à projets nationaux (ANR…), européens mais aussi en lien bi-latéral avec la Malaisie.

Par construction, entre la phase « démonstrateur », et la mise en œuvre d’un projet à l’horizon de 18 mois, nous élargissons notre ambition de maitrise interdisciplinaire induite par nos partenariats : l’information-communication, l’anthropologie industrielle, culturelle et sociale, les études littéraires notamment orales et les éditions critiques, la muséologie numérique, la musique et musicologie, les sciences de l’éducation, l’informatique.

L’hypothèse princeps du projet est que la TEI, la MEI et le CIDOC-CRM permettent de structurer systématiquement l’ensemble des interrelations entre les disciplines, cultures, langues et métiers, de manière à faciliter la documentation des corpus, leur alignement de fragments, l’annotation, la gestion multilingue (mais aussi musique-parole…), la gestion des versions en niveaux. Ces outils facilitent l’appropriation sociale et l’usage des données de la science, l’appropriation des spécifications industrielles à leurs niveaux d’usages pluriels, mais permettent également de passer de la simple lecture à l’écriture contributive des documents.

L’Analyse critique, l’appropriation, la transmission par le numérique de savoirs culturels, techniques, environnementaux dans des contextes territoriaux diversifiés (sous-titre actuel de TEI-Terri-NormS en vue d’un changement d’échelle pour répondre à des appels à projets).

Le projet Réseau Inter-MSH repose sur son partenariat initial MSHA, FMSH et MESHS, coordonné par la MSHA et y associe la Chaire UNESCO-ITEN (FMSH, Université Paris 8), la Chaire UNESCO-SPICSC (Malaisie) le laboratoire MICA (Université Bordeaux Montaigne), le laboratoire Gériico (Université de Lille), le laboratoire Paragraphe (Université Paris8), Le Centre Numérique d’Innovation Sociale (Université Paris8), l’École Centrale Supélec, le laboratoire Antropoteck-Kita (Université de Kebangsaan en Malaisie), le réseau des chaires UNESCO en information et communication : ORBICOM, l’équipe GenAEnorma de la MSH Paris-Nord, le pôle de compétitivité Cap-Digital auxquels s’ajoutent bien sûr les comités techniques des instances de normalisation AFNOR, ISO, les instances industrielles et territoriales auxquelles s’appliquent nos corpus : Région parisienne, la Flandre européenne élargie, l’Aquitaine et la Malaisie (avec notamment Airbus Malaisie).

Disciplines concernées :

Sciences de l’ingénieur et du numérique; Humanités numériques; Information et communication; Étude des textes; Muséographie et technologies des arts, musique et littératures orales ; Géographie humaine.

En première phase : application de TEI-Terri-NormS à la maitrise pluridisciplinaire, multiculturelle et la diversité du développement des territoires

La maîtrise de grands corpus littéraires (voire musicaux) mais aussi techniques est un enjeu des Humanités numériques. L’hyperconvergence des technologies avancées (IA, robotique, big data, blockchain, Smart City…) induit automatiquement une croissance exponentielle de leurs normes et de leurs standards techniques, croissance indispensable à leur développement et à leur appropriation sociale. Néanmoins cette complexité de l’environnement numérique rend nécessaire l’interopérabilité entre les systèmes et seule la maîtrise technique combinée à une appropriation sociale de ces normes permet l’engagement et le non décrochage de sociétés avancées.

Nous nous proposons d’expérimenter la TEI (Text Encoding initiative) mais aussi CIDOC-CRM pour faciliter l’accès, la compréhension, voire inciter des décideurs et agents territoriaux à s’impliquer dans l’élaboration des normes s’appliquant notamment aux territorialités numériques, durables mais aussi inclusives. Faute de savoir comment y accéder, les lire, se les approprier intellectuellement l’inflation des normes, qu’elles soient internationales (ISO, IEC, UIT, CEN) ou nationales (AFNOR…) devient souvent critique. C’est pourquoi, paradoxalement nombre de décideurs se disent submergés alors qu’ils sont en permanence protégés par des normes définissant et garantissant la qualité, la conformité, la sécurité, de la quasi-totalité des biens ou services marchands, mais aussi des biens et services s’appliquant aux communs (eau, air, réseaux de communication, transport, contrôle et prévention des risques, sécurité, santé, sports, éducation, e-gouvernement, culture, etc.).

·      En aval pour l’utilisateur « primaire » (l’industriel ou l’agent d’un service public qui doit concevoir un produit ou service), mais aussi pour l’utilisateur « secondaire » et/ou « final » qui aimerait vérifier à partir de la norme que le produit ou service qu’il utilise est réellement conforme.

·      En amont pour des experts (des chercheurs industriels ou universitaires), qui conçoivent et écrivent collégialement des normes, puis les éditent et pour lesquels il est indispensable de vérifier leur conformité et leur interopérabilité. Comme cela devient de plus en plus complexe, il faudrait tout en même temps pouvoir offrir des outils de parcours global de vastes univers directement liés, mais aussi connexes et disposer d’un potentiel d’intelligence fine des contenus et des modalités de rédaction des parties plus restreintes de ces corpus de textes.

Notre hypothèse est que la TEI, standard princeps des Humanités Numériques permet, d’une part, d’organiser de très grands corpus de documents, d’en baliser la structure (très significative pour les normes), mais aussi la sémantique et les liens référentiels ; De son coté un balisage conforme à CIDOC-CRM permet notamment de gérer la pluralité des disciplines, des métiers et des typologies de ressources.

D’autre part, la TEI est aussi idéale pour la « lecture-écriture et appropriation des textes (pour nous des normes) », la lecture savante et l’édition critique qui est l’objet central des Humanités Numériques. Enfin la TEI permet aussi d’organiser l’alignement multilingue et de gérer des traductions possiblement fragmentées et collégiales. En effet, il est faux (malgré l’affirmation réitérée par beaucoup de prétendus bilingues) que l’on peut aussi facilement lire et écrire dans une langue étrangère que dans sa langue maternelle et parcourir ainsi facilement de grands ensembles de textes techniques, surtout lorsque ceux-ci contiennent de très nombreux acronymes (souvent inversés) et quantité de références à d’autres normes ou standards opaques pour les non-initiés. La traduction et l’annotation sont donc indispensables à leur appropriation efficace, y compris par des acteurs aguerris de la normalisation.

Activer un partenariat pour un projet ultérieur en gestation

Une part substantielle de TEI-Terri-NormS, sera consacrée à fédérer un partenariat de chercheurs, mais aussi des partenaires industriels et territoriaux européens mais aussi en coopération internationale bi-latérale. Ainsi, au cours des  9emes rencontre annuelle d’Orbicom « numériser la communication interculturelle » (Bornéo, Malaisie, 10,11&12/06/2020) des séances de travail sont prévues avec notre partenaire malaisien, le laboratoire Antropotek (et Airbus Malaisie). La spécificité des collèges d’expertise en normalisation, tient à ce qu’ils sont rassemblés pour concevoir et rédiger des normes avec des décideurs industriels et/ou territoriaux, mais aussi avec des chercheurs. C’est donc un lieu privilégié pour fédérer les partenariats que nous voulons rassembler pour notre « seconde phase projet ».

Précédant l’hypothèse d’application de la TEI aux normes techniques, le projet se déploie également dans le champ culturel, multilinguistique, muséographique, pédagogique et musical (TEI&MEI), enrichissant la multidisciplinarité de la culture territoriale.

Les équipes rassemblées à l’origine du projet TEI-Terri-NormS partagent en commun la pratique d’une application de la TEI, et pour GenAEnorma de la TEI & de la MEI, sur des corpus culturels : muséographie et culture industrielle et ouvrière, à des corpus multilingues méditerranéens (HumaDigitMaghreb), à des corpus à vocation d’application pédagogique et littéraire (TEI-Hd-Muren), et les travaux entrepris par GenAENorma sur l’étude des fondations culturelles à partir de musiques, chansons, contines, fables en lien avec des cultures musicales non exclusivement européennes (Maghreb, Liban et Malaisie).  

En cela ces équipes s’originent toutes dans le droit fil d’études des Humanités Numériques historiquement fondées sur la TEI. Notre hypothèse d’appliquer ce type de balisage à des corpus de documents normatifs, s’inscrit d’ailleurs dans une tradition partagée par le Consortium TEI d’inciter à l’application de la TEI à des champs d’usages non strictement culturels notamment pour les industries de la langue, la terminologie, la traductique et plus spécifiquement sur les aspects normatifs (synergie étroite entre l’ISO-TC37, Terminologie et ressources linguistiques, avec le Consortium TEI ).

Conscients de cet apparent écart entre les études culturelles et leur application à des domaines techniques et industriels nous posons, avec ce projet, l’hypothèse que ce lien interdisciplinaire est hautement prometteur. Associer dans un projet unique la culture populaire du travail et de l’industrie (musées industriels, chansons, fables ou contines s’appliquant au activités quotidiennes et aux métiers) et la techno-culture numérique la plus avancée nous semble être une piste fructueuse qui se situe au cœur même de l’origine intellectuelle de ce projet. Cette hypothèse est d’ailleurs absolument similaire à ce qui fonde, depuis plusieurs années déjà, les travaux de l’équipe malaisienne Antropotek,  appliquer l’anthropologie à l’analyse de la culture du travail dans un pays industriellement en plein développement et par ailleurs culturellement, ethniquement et linguistiquement pluriel.

Chercheurs participant au projet :

Ghislaine Azémard, Professeur ; Henri Hudrisier, MCF-HDR sénior ; Mokhtar Ben Henda, MCF-HDR ; Jean-Michel Borde, Ingénieur en normalisation ; Bernard Jaquemin, MCF  ; Daniel Mancero Baquerizo, Dr. en Esthétique, informatique musique ; Stéphane Chaudiron, Professeur ;
 Sylvaine Leblond Martin, Dr. en Sciences de l’information et de la communication, musicienne ; Renan Mouren, IGR, Dr. en Sciences de l’information et de la communication ; Matthieu Quiniou, Avocat et Dr. En droit  ; Eric Olmedo, Professeur, chercheur en anthropologie sociale ; Nathalie Pinède, MCF-HDR ; Khaldoun Zreik, Professeur ; Jacques Ducloy, CNRS sénior.

 

Henri Hudrisier, Jean-Michel Borde, Renan Mouren